des hommes préhistoriques à Rosheim

C’est devenu presque banal dans la commune. Dès que l’on fait un trou, dès que l’on défriche pour bâtir, on tombe sur des vestiges de toutes les époques ! Depuis les toutes premières heures de la préhistoire alsacienne jusqu’à l’époque romaine. Pour la suite de l’histoire, il suffit de visiter la ville qui a conservé une bonne part de ses monuments de l’époque historique. Bref, du haut des collines surplombant Rosheim, au pied du Mont Sainte-Odile, pas moins de 8 000 ans vous contemplent…
Dernier exemple en date, avec ce futur lotissement situé à proximité immédiate de la ville, le long de la route qui monte vers Boersch. Là, depuis des générations, des dizaines de familles possèdent un fouillis disparate de parcelles, vergers, champs, jardins. Pensant à leurs enfants, voire petits-enfants, tous les propriétaires se sont rassemblés pour organiser un remembrement et créer ainsi un parc de lots pouvant être urbanisés dans l’avenir.
L’opération s’est accompagnée d’une campagne de fouilles préventives menée par l’Inrap (Institut national de recherche archéologique préventive). Démarré le 10 mai dernier, le chantier qui mobilise une demi-douzaine de chercheurs doit s’achever le 22 juillet prochain.
Sans grande surprise donc, les archéologues ont fait bonne pioche. Ils n’ont pas eu à trop forcer leur talent puisque, en 1990, de l’autre côté de la route, la construction d’un autre lotissement avait déjà révélé la présence d’une implantation humaine préhistorique.
Aujourd’hui, sur environ 1,5 hectare de chantier, les archéologues ont mis au jour un lieu de vie occupé entre moins 5 000 ans avant Jésus-Christ et moins 500 ans. Des traces ténues, mais palpables : des emplacements de trous alignés, témoins des troncs d’arbres ayant servi d’ossatures à des maisons ; des fosses proches où les bâtisseurs ont puisé le lœss indispensable pour fabriquer le torchis des parois de l’habitation ; et surtout, les éternels silos à grains enterrés où la population stockait ses céréales. Des silos qui, comme dans beaucoup d’autres sites d’Alsace, ont ensuite été réutilisés soit comme fosses dépotoirs, soit comme lieux de sépulture. C’est ainsi que sur le site de Rosheim, quelques tombes ont été retrouvées dont une double où deux corps reposent l’un sur l’autre sans que l’on sache encore si les deux défunts sont liés ou s’ils ont été inhumés à la même date.
Le chantier, inachevé, a déjà permis de mettre au jour quelques objets. Des haches ou herminettes de pierre, des fragments de meules de pierre, mais aussi un bracelet de bronze et une agrafe pour vêtement d’une période plus tardive.