(Source : Blog de Georges Moréas)
Fi du principe de précaution appliqué avec tant de rigueur pour traiter le risque grippal, c’est dit c’est fait : la France aura bientôt son premier body scan. Quelle promptitude dans la réaction ! Pas étonnant : l’affaire body-scan_était dans les tuyaux de longue date. Dès 2008, la CNIL(1) et l’APAVE(2) avaient donné leur accord (un peu vite peut-être) à des essais qui devaient avoir lieu à Nice (voir en bas de page le rectificatif de l’APAVE). ”Airport premier”, comme il a été baptisé là-bas. Mais devant les réactions des personnels et des élus locaux, la mise en fonction a été retardée.
J’espère qu’on ne l’a pas démonté…
Cet appareil de radiologie permet de visualiser en trois dimensions le corps nu des passagers. Mais pas question de voyeurisme : les parties génitales seront floutées, nous assure-t-on. Si son efficacité est quasi totale pour déceler le moindre objet, qu’il soit métallique ou non, certains s’interrogent : le scanner aurait-il pu détecter la poudre explosive collée sur la jambe du terroriste nigérian du vol 253 de la compagnie Northwest Airline ? Rien n’est moins sûr.
En dehors de leur utilité (et de leur coût), l’installation de ces engins pose deux questions fondamentales qui touchent à leur innocuité et à la confidentialité des données.
Les commerciaux qui vantent les mérites de ce produit affirment que « l’absence d’impact sur la santé des passagers a été évaluée et confirmée par un organisme indépendant » (l’APAVE ?). Mais, dans Le Quotidien du médecin, le professeur Patrick Gourmelon, directeur de la radioprotection de l’homme à l’IRSN(3) souligne qu’il existe une différence entre les doses affichées par les fabricants*, qui sont des doses globales, et celles qui sont reçues par un organe spécifique - ici la peau. Ce sont ces dernières qui doivent être retenues. « On peut en effet enregistrer des doses globales extrêmement faibles alors que la dose pour un organe peut atteindre un niveau notable, dit-il. Se pose alors un risque de cancérisation des cellules, notamment chez des personnes à risques comme les femmes enceintes en début de maternité, ou les enfants ».
Selon un article du Figaro du 17 décembre 2009, une étude américaine de l’Institut national du cancer tire d’ailleurs la sonnette d’alarme sur l’usage intensif des scanners médicaux. Ils pourraient conduire à 29.000 cas supplémentaires de cancer par an. Une véritable épidémie. Ainsi, sur 270 femmes de 40 ans qui sont soumises à un scanner des artères coronaires, l’une d’elles serait quasi certaine de développer une tumeur. Des chiffres inquiétants.
Les partisans des body scans vous diront que cela n’a rien à voir. Sans doute, mais malgré tout, l’appareil (d’origine américaine) qui va être installé prochainement à Roissy est bel et bien un scanner d’imageries. Il émet des ondes millimétriques, soit une fréquence comprise entre 24 et 30 gigahertz, avec une puissance suffisante pour traverser des vêtements. Et pour nous qui avons connu la fameuse frontière infranchissable du nuage de Tchernobyl, on a beau nous raconter que les rayons s’arrêteront à fleur de peau, on ne peut s’empêcher d’être dubitatifs.
Mais se pose également la question de la confidentialité. Car dans un premier temps, il n’était pas prévu d’enregistrer les images scannées. Elles devaient rester anonymes. Aujourd’hui, on entend un autre son de cloche. On nous parle d’une destruction au bout de quelques heures, ce qui signifie entre parenthèses que ces images ne seront plus anonymes, mais accolées au passeport des voyageurs.
Et dans un troisième temps ?
Ne se dirige-t-on pas vers un nouveau fichier ? Notre carcasse en 3-D, une sorte d’hologramme, sera-t-elle archivée, mélangée à notre Adn, à nos empreintes, à notre voix, à notre iris, et j’en oublie forcément, pour obtenir enfin la traçabilité de l’homme !
Si vous prenez l’avion, surtout pour les Etats-Unis, vos bagages à main iront dans la soute, et tous les objets que vous garderez avec vous (téléphone, ordinateur, livres…) seront glissés sous des sacs en plastique transparents. Une fois à bord, vous devrez vous tenir à carreau. La moindre attitude suspecte, comme le fait d’aller trop souvent aux toilettes, risque de vous faire cataloguer comme un individu potentiellement dangereux. Et de toute manière, une heure avant l’atterrissage, il faudra vous retenir, car interdiction de bouger de son siège.
Il y a des gens qui acceptent ça. D’autres pas. De plus en plus si l’on en croit les chiffres : en décembre 2009, Air France-KLM a enregistré la 12e baisse consécutive de son trafic passagers. C’est à cause de la crise nous dit-on. Tiens, je croyais qu’elle était finie !
L’année dernière, le Comité d’éthique(4) s’est penché sur les problèmes liés à la biométrie, s’inquiétant de cette volonté de ficher l’homme sous toutes les coutures, et soulignant le risque d’ainsi le réduire « à une accumulation de données et de critères cartographiques » . Avec cette phrase que je cite de mémoire : « Cette tentative de réduction biométrique ne capturera jamais l’essence de la personne humaine » .
C’est joliment dit. Mais pour l’installation des scanners corporels, le Comité d’éthique n’a pas été consulté.
On ne peut quand même pas demander l’avis de tout le monde.
Rectificatif à la demande de l’APAVE :
« APAVE n’a aucunement donné son accord pour la commercialisation du système. Nous avons donné notre accord pour effectuer des mesures in situ concernant l’exposition des personnes scannées et du personnel au poste de travail suivant la réglementation en vigueur comme il nous l’a été demandé. Nous n’avons pas autorité à autoriser ou interdire quelque produit commercialisé que ce soit.
« Cela évidemment ne concerne ni l’aspect médical, ni la question des doses sur un organe spécifique, ni la question de l’éthique du système. Il s’agit juste de vérifier si les rayonnements émis sont en deçà de la réglementation pour les personnes à proximité du système. »
* Il est fait référence aux appareils actuellement en place aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et non à celui qui sera installé à Roissy.
(1) Commission nationale de l’informatique et des libertés - (2) Association des propriétaires d’appareils à vapeur et électrique - (3) Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - (4) Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
Fi du principe de précaution appliqué avec tant de rigueur pour traiter le risque grippal, c’est dit c’est fait : la France aura bientôt son premier body scan. Quelle promptitude dans la réaction ! Pas étonnant : l’affaire body-scan_était dans les tuyaux de longue date. Dès 2008, la CNIL(1) et l’APAVE(2) avaient donné leur accord (un peu vite peut-être) à des essais qui devaient avoir lieu à Nice (voir en bas de page le rectificatif de l’APAVE). ”Airport premier”, comme il a été baptisé là-bas. Mais devant les réactions des personnels et des élus locaux, la mise en fonction a été retardée.
J’espère qu’on ne l’a pas démonté…
Cet appareil de radiologie permet de visualiser en trois dimensions le corps nu des passagers. Mais pas question de voyeurisme : les parties génitales seront floutées, nous assure-t-on. Si son efficacité est quasi totale pour déceler le moindre objet, qu’il soit métallique ou non, certains s’interrogent : le scanner aurait-il pu détecter la poudre explosive collée sur la jambe du terroriste nigérian du vol 253 de la compagnie Northwest Airline ? Rien n’est moins sûr.
En dehors de leur utilité (et de leur coût), l’installation de ces engins pose deux questions fondamentales qui touchent à leur innocuité et à la confidentialité des données.
Les commerciaux qui vantent les mérites de ce produit affirment que « l’absence d’impact sur la santé des passagers a été évaluée et confirmée par un organisme indépendant » (l’APAVE ?). Mais, dans Le Quotidien du médecin, le professeur Patrick Gourmelon, directeur de la radioprotection de l’homme à l’IRSN(3) souligne qu’il existe une différence entre les doses affichées par les fabricants*, qui sont des doses globales, et celles qui sont reçues par un organe spécifique - ici la peau. Ce sont ces dernières qui doivent être retenues. « On peut en effet enregistrer des doses globales extrêmement faibles alors que la dose pour un organe peut atteindre un niveau notable, dit-il. Se pose alors un risque de cancérisation des cellules, notamment chez des personnes à risques comme les femmes enceintes en début de maternité, ou les enfants ».
Selon un article du Figaro du 17 décembre 2009, une étude américaine de l’Institut national du cancer tire d’ailleurs la sonnette d’alarme sur l’usage intensif des scanners médicaux. Ils pourraient conduire à 29.000 cas supplémentaires de cancer par an. Une véritable épidémie. Ainsi, sur 270 femmes de 40 ans qui sont soumises à un scanner des artères coronaires, l’une d’elles serait quasi certaine de développer une tumeur. Des chiffres inquiétants.
Les partisans des body scans vous diront que cela n’a rien à voir. Sans doute, mais malgré tout, l’appareil (d’origine américaine) qui va être installé prochainement à Roissy est bel et bien un scanner d’imageries. Il émet des ondes millimétriques, soit une fréquence comprise entre 24 et 30 gigahertz, avec une puissance suffisante pour traverser des vêtements. Et pour nous qui avons connu la fameuse frontière infranchissable du nuage de Tchernobyl, on a beau nous raconter que les rayons s’arrêteront à fleur de peau, on ne peut s’empêcher d’être dubitatifs.
Mais se pose également la question de la confidentialité. Car dans un premier temps, il n’était pas prévu d’enregistrer les images scannées. Elles devaient rester anonymes. Aujourd’hui, on entend un autre son de cloche. On nous parle d’une destruction au bout de quelques heures, ce qui signifie entre parenthèses que ces images ne seront plus anonymes, mais accolées au passeport des voyageurs.
Et dans un troisième temps ?
Ne se dirige-t-on pas vers un nouveau fichier ? Notre carcasse en 3-D, une sorte d’hologramme, sera-t-elle archivée, mélangée à notre Adn, à nos empreintes, à notre voix, à notre iris, et j’en oublie forcément, pour obtenir enfin la traçabilité de l’homme !
Si vous prenez l’avion, surtout pour les Etats-Unis, vos bagages à main iront dans la soute, et tous les objets que vous garderez avec vous (téléphone, ordinateur, livres…) seront glissés sous des sacs en plastique transparents. Une fois à bord, vous devrez vous tenir à carreau. La moindre attitude suspecte, comme le fait d’aller trop souvent aux toilettes, risque de vous faire cataloguer comme un individu potentiellement dangereux. Et de toute manière, une heure avant l’atterrissage, il faudra vous retenir, car interdiction de bouger de son siège.
Il y a des gens qui acceptent ça. D’autres pas. De plus en plus si l’on en croit les chiffres : en décembre 2009, Air France-KLM a enregistré la 12e baisse consécutive de son trafic passagers. C’est à cause de la crise nous dit-on. Tiens, je croyais qu’elle était finie !
L’année dernière, le Comité d’éthique(4) s’est penché sur les problèmes liés à la biométrie, s’inquiétant de cette volonté de ficher l’homme sous toutes les coutures, et soulignant le risque d’ainsi le réduire « à une accumulation de données et de critères cartographiques » . Avec cette phrase que je cite de mémoire : « Cette tentative de réduction biométrique ne capturera jamais l’essence de la personne humaine » .
C’est joliment dit. Mais pour l’installation des scanners corporels, le Comité d’éthique n’a pas été consulté.
On ne peut quand même pas demander l’avis de tout le monde.
Rectificatif à la demande de l’APAVE :
« APAVE n’a aucunement donné son accord pour la commercialisation du système. Nous avons donné notre accord pour effectuer des mesures in situ concernant l’exposition des personnes scannées et du personnel au poste de travail suivant la réglementation en vigueur comme il nous l’a été demandé. Nous n’avons pas autorité à autoriser ou interdire quelque produit commercialisé que ce soit.
« Cela évidemment ne concerne ni l’aspect médical, ni la question des doses sur un organe spécifique, ni la question de l’éthique du système. Il s’agit juste de vérifier si les rayonnements émis sont en deçà de la réglementation pour les personnes à proximité du système. »
* Il est fait référence aux appareils actuellement en place aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, et non à celui qui sera installé à Roissy.
(1) Commission nationale de l’informatique et des libertés - (2) Association des propriétaires d’appareils à vapeur et électrique - (3) Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - (4) Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
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