« Les Portes du Ciel ». Visions du monde dans l’Égypte ancienne

Avant-propos
par Emmanuel JAMBON, coordinateur scientifique.

A travers l’exposition « les Portes du Ciel, présentée au Louvre du 6 mars au 29 juin 2009, nous sommes conviés à jeter un regard neuf sur les visions égyptiennes du monde. Les objets qui nous sont présentés sont – dans leur diversité foisonnante – les témoins de la pensée plurimillénaire, riche et complexe, de ceux qu’Hérodote décrivait déjà comme « de beaucoup les plus religieux des hommes ».

De « porte » en « porte »nous parcourons ainsi successivement l’Univers comme – sanctuaire des dieux », l’au-delà et ses géographies mystérieuses, puis nous arpentons deux des domaines d’ici-bas où se rencontrent dieux et hommes : la tombe et ses chapelles, les temples et leur parvis. A chaque étape, les objets présentés, par leurs qualités propres – mais aussi par leur réunion, leur confrontation, les échos qu’ils éveillent en nous dans notre cheminement – nous aident à mieux comprendre les mécanismes de la pensée égyptienne. On découvre ainsi que structurée par des mythes et des représentations canoniques, elles fut aussi fondamentalement pragmatique, ouverte aux nouveautés, curieuse enfin, s’efforçant de penser tout ce qui pouvait l’être et d’embrasser le monde qui l’entourait de la manière la plus large qui soit.

Le présent numéro des Dossiers d’Archéologie a pour but de permettre, à qui le désire, de prolonger cette visite. Les contributions qui y sont réunies cherchent à approfondir certains aspects, à l’explorer d’autres pistes, à ouvrir d’autres portes … On y reviendra ainsi sur les origines du monde et son organisation par les dieux primordiaux. On s’arrêtera sur certains des désordres naturels qui secouent cette création divine, comme sur les efforts que les Egyptiens firent pour cartographier cet au-delà invisible, objet pour eux de tant de craintes et d’espérances. Entre cette résidence éloignée des lieux et la vallée où ils vivaient, les Egyptiens discernaient des passages que devaient emprunter les morts pour rejoindre leur nouveau séjour. L’orée du chemin était constituée par la tombe dont nous verrons que, si elle servait le plus souvent à fournir un viatique aux défunts, elle pouvait aussi être le lieu de contestations et d’affrontements. Achevant votre parcours par le temple, nous l’envisagerons sous plusieurs angles possibles : domicile temporaire des prêtres ou demeure éternelle des statues qu’y laissèrent les hommes pour perpétuer leur souvenir ; espace à la fois protégé en entre-ouvert où les hommes pouvaient venir aux dieux pour leur réclamer justice, et, vers la fin de son histoire, tombe divines où se déploient des liturgies funéraires à finalité universelle, achevant ainsi un périple entamé avec l’éveil du démiurge.

Thèmes abordés dans la revue :

-Donner à penser, donner à voir
-Visions du monde dans l'Egypte ancienne
-Chronologie et carte
-Aux origines du monde Cosmogonies égyptiennes
-Entre crues et tempêtes, les Egyptiens face aux caprices de la nature
-Géographie de l'au-delà
-Morts et vivants dans les tombeaux de particuliers de l'Ancien Empire
-A travers la fausse-porte, communiquer avec les morts dans l'ancienne Egypte
-Vivre à la porte du sacré, les maisons des prêtres dans le sanctuaire d'Amon
-Ces statues que les particuliers consacraient près des dieux
-Communiquer avec les dieux, signes, oracles et négociations
-Le monde funéraire et les temples