Hypérion; les micro-ondes de forte puissanceObjets de fiction il y a encore quelques années, les armes micro-ondes de forte puissance sont aujourd'hui une réalité.
Américains et Russes principalement travaillent en effet sur ce type d'armes capables de fournir des impulsions électromagnétiques très courtes mais excessivement fortes. Rien qu'aux Etats-Unis, 500 à 600 millions de francs sont consacrés à leur développement. Sans danger pour l'homme, ces impulsions électromagnétiques, dont les effets s'apparentent à ceux d'une impulsion électromagnétique nucléaire exoatmosphérique (IEMN), sont terriblement redoutables pour les systèmes d'armes modernes.
De son côté, la France, via la Délégation Générale pour l'Armement (DGA), n'est pas en reste. Située au Centre d'Etudes de Gramat (CEG) de la DGA, Hypérion, une toute nouvelle installation qui permettra d'analyser la vulnérabilité du matériel militaire face à ce type de menace, confirme cette volonté de la France de rester parmi les leaders mondiaux.
Verra-t-on un jour des radars et des systèmes électroniques de chasseurs bombardiers rendus totalement inopérants par un rayonnement micro-onde de forte puissance ou encore des satellites d'observation devenir sourds et aveugles après avoir traversé un territoire adverse ?
Autrement dit, sommes-nous à la veille d'entrer dans une nouvelle ère où des armes d'un nouveau genre permettront à leur détenteur de détruire les fonctions vitales des systèmes électroniques à de grandes distance ?
Le doute ne semble plus permis. Des progrès réalisés récemment dans le cadre de développements de sources hyperfréquences de très forte puissance rendent en effet de plus en plus crédible le concept d'armes impulsionnelles micro-ondes. En se couplant avec les antennes, les liaisons filaires ou encore la structure des systèmes d'armes, l'énergie électromagnétique produite par des armes micro-ondes de forte puissance est capable de perturber profondément, voire détruire totalement, l'électronique de ces matériels.
Dans une phase d'étude de la crédibilité de la menace"Aujourd'hui, les puissances maximales émises par des sources hyperfréquences atteignent plusieurs dizaines de gigawatts et les fréquences s'étalent de quelques centaines de mégahertz à plusieurs dizaines de gigahertz", explique Dominique Séraphin, Chef du Service Analyse Electromagnétique, au sein du Centre d'Etudes de Gramat.
La puissance du rayonnement micro-onde de forte puissance peut donc atteindre des valeurs cent fois supérieures à celles d'une impulsion électromagnétique créée par une explosion nucléaire dans l'atmosphère. Par ailleurs, si les sources micro-ondes réalisées jusqu'à présent étaient très volumineuses,
de gros efforts de recherche ont permis de les rendre beaucoup plus compactes. C'est ainsi que les Etats-Unis testent actuellement un équipement de taille très réduite.
Fortement impliqués dans les travaux menés sur le rayonnement micro-onde de forte puissance, Américains et Russes explorent actuellement de multiples techniques. Preuve de l'importance du sujet : chaque année, une conférence consacrée aux micro-ondes de forte puissance et classée "secret défense", réunit plus de 800 physiciens et ingénieurs.
Agression anti-satellite, protection anti-aérienne ou navale, systèmes d'armes aéroportés, etc, la plupart des applications possibles de ces systèmes d'armes est désormais réalisable.
Il est d'ailleurs fort probable que ce type d'armes existe d'ores et déjà aux Etats-Unis et en Russie."En France, nous sommes aujourd'hui dans une phase d'étude de la crédibilité de la menace", constate Dominique Séraphin.
"Faut-il développer ou non ce type de systèmes d'armes ? Telle est la question à laquelle nous devons répondre. Aussi cherchons-nous à savoir si les systèmes d'armes modernes dont disposent nos armées sont vulnérables ou non". Pour le démontrer, le CEG, spécialisé notamment dans le domaine de la vulnérabilité de la protection des systèmes, s'est appuyé sur des études de simulation numérique mais également sur des simulations expérimentales.
Plus d'une décennie d'expérience en matière de micro-ondes"Nous travaillons dans ce domaine depuis une dizaine d'années", précise ce chercheur spécialisé dans le domaine de l'IEMN (Impulsion ElectroMagnétique Nucléaire).
C'est en effet en 1985, durant une année sabbatique passée au célèbre Lawrence Livermore Laboratory, aux Etats-Unis, que Dominique Séraphin découvre les micro-ondes de forte puissance. Dans le groupe d'une centaine de personnes dont fait partie ce chercheur français, soixante dix travaillent alors sur les problèmes de micro-ondes de forte puissance. "Je me suis donc spécialisé progressivement dans ce domaine".
De retour en France, Dominique Seraphin tente alors de promouvoir cette idée.
"A l'époque, les gens qui fabriquaient des tubes hyperfréquences ne comprenaient pas le type d'unité que j'utilisais. Tout ceci correspondait en effet à des inventions nouvelles, principalement des machines comme des magnétrons et des clystrons relativistes, conçus aux Etats-Unis, et des masers Tcherenkov, en Russie, fruits de la course à la puissance née du programme américain SDI".A Gramat, ce chercheur commence alors à développer cette activité sur de petites machines. Au cours de la décennie qui suit, un certain nombre d'outils expérimentaux très particuliers comme "
Minotaure", "
Sésame" et "
Socrate" vont en effet être mis au point.
Offrant un volume de test de 8 m3, l'installation "Minotaure" permet de conduire des tests de vulnérabilité sur des systèmes ou des équipements de taille réduite à niveau moyen de puissance - avec des sources de l'ordre du KW, de 100 MHz à 12 GHz) - ou à plus fort niveau, soit quelques centaines de MW, de 700 MHz à plusieurs GHz.
De leur côté, "Sésame" et "Socrate" permettent d'étudier les modes de pénétration de l'énergie électromagnétique dans un système, ceci à bas niveau de puissance.
Trois années pour concevoir un outil unique en Europe
Aboutissement de tous ces développements : Hypérion, un système qui a pour vocation de répondre aux besoins de la défense dans ce domaine, quelle que soit la dimension des modèles utilisés, qu'il s'agisse d'un avion de combat, d'un hélicoptère, d'une station radar ou d'un char. "Pour concevoir ce système dont le coût est de l'ordre d'une quarantaine de millions de francs, la DGA a mené une réflexion entre 1992 et 1994 qui s'est traduite par la conclusion qu'il fallait faire un effort dans le domaine des études de vulnérabilité pour pouvoir protéger les systèmes à terme", explique ce spécialiste du CEG. Rappelons que les systèmes qui vont être déployés sur le terrain le seront pour durée minimale de vingt à trente ans, voire plus dans certains cas.
Or les technologies dans le domaine des fortes puissances évoluent très rapidement. D'où la préoccupation des experts de la DGA à propos de la survie de ses systèmes vis à vis d'agressions qui, même si elles ne sont pas présentes sur le champ de bataille aujourd'hui, risquent de l'être demain ou après-demain.
Trois années auront été nécessaires entre le lancement du principe de l'opération, en octobre 1994, et l'entrée en service opérationnelle de cette installation à la fin de l'été 1997.
Unique en Europe, Hypérion n'a qu'un équivalent dans le reste du monde, aux Etats-Unis, dans l'Etat du Nouveau-Mexique, à Albuquerque, au sein du Philips Laboratory du Département de la Défense, avec lequel les ingénieurs du CEG collaborent, tout comme ils le font également avec les chercheurs du Lawrence Livermore Laboratory et le Laboratoire de Los Alamos, tous deux du Département de l'Energie (DOE) américain. "Nous avons aussi de multiples contacts avec notamment le Royaume Uni (Defense, Evaluation and Research Agency), l'Allemagne et la Russie, en particulier les centres de l'Académie des Sciences russes", précise Dominique Séraphin qui ajoute : "le premier système qui sera bientôt testé dans Hypérion est allemand".
Un plan de charge pour les trois ou quatre prochaines annéesHypérion se présente sous la forme d'une immense cage de Faraday renfermant des sources pulsées à grand taux de répétition et de forte puissance qui couvrent la gamme de fréquences de quelques centaines de MGz à une dizaine de GHz.
Reliées à une petite antenne, ces sources émettent un faisceau divergent. Une deuxième antenne carrée de 6 mètres de côté va permettre d'intercepter ce dernier, de le concentrer et de le renvoyer vers un miroir mobile de 5,5 mètres de côté dont la fonction est de refléter le faisceau d'origine selon l'incidence voulue, soit entre 0° et 30°, vers la cible. Cette dernière est placée sur un plateau tournant dans la zone de test abritée, un cube de 15 m de côté.
D'ores et déjà, Hypérion possède un plan de charge pour les trois ou quatre prochaines années, pratiquement à plein temps. Pour l'essentiel, il s'agit de travaux qui seront réalisés pour le Défense. Parallèlement, des actions seront menées avec des étrangers. "Nous devrions avoir une activité sur du long terme", estime ce chercheur. "C'est exactement la démarche que nous avons actuellement dans le domaine de l'IEMN. Il faut donc atteindre le même type d'action avec les micro-ondes".
Tir au laser; Suite aux inquiétudes du président russe Boris Eltsine (en 1998 !! ), après le tir par les Américains, en octobre, d'un laser de forte puissance sur un satellite militaire, les Américains ont proposé aux Russes de mettre en commun les informations sur ces tests, afin d'éviter d'endommager ou d'interférer avec les satellites en orbite.
La Russie est le seul pays auquel les Etat-Unis ont proposé un tel échange d'informations. 20 à 30 pays posséderaient des lasers au sol capables d'atteindre l'espace, selon les estimations américaines.
http://www.cite-sciences.fr/actu/numeros/N56_fev98/en_bref/html/monde_europe.html
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