Le sort du missel de l'abbé Saunière a entretenu près de deux heures de débat acharné, hier après-midi, au tribunal de police de Carcassonne. Alexandre Painco, maire de Rennes-le-Château, depuis 2008, était cité devant cette juridiction pour diffamation non publique par Jean Ribes, petit-neveu du célèbre ecclésiastique.
Ce dernier reproche au premier magistrat d'avoir mentionné dans une lettre adressée à tous les héritiers de Bérenger Saunière qu'il avait "récupéré" le bréviaire du défunt lors de l'exhumation de son corps en 2004. Un acte qu'a réfuté le petit-neveu. Il s'est défendu lors de l'audience d'avoir déposé ce précieux ouvrage dans le nouveau tombeau de l'abbé.
"Si le maire avait écrit dans la foulée une lettre d'excuse, nous n'en serions pas là", a déploré Me Jean-Louis Ciréra. Le malaise entre les deux parties est bien plus profond que ce simple verbe utilisé visiblement à tort. Plus que le seul acte de récupération ou non du missel, défense et parties civiles se sont opposées sur les conditions de l'exhumation. Tout à fait "légale", selon l'avocat du plaignant, citant comme témoin à la barre Jean-François Lhuilet, maire de Rennes-le-Château lors de cette opération... et battu en 2008 par la liste du prévenu.
Empreintes de "magouilles", selon Me Jean-Marie Bourland, pour la défense. Ce dernier a avancé que sept héritiers de l'abbé n'avaient pas été consultés pour le transfert du corps, seulement accepté par Jean Ribes et sa soeur, alors que la loi impose un consentement à l'unanimité. C'est le nouveau maire qui a découvert cette faille procédurale lorsqu'en 2008, la commune a voulu reprendre l'ancienne concession perpétuelle de l'abbé Saunière, désaffectée. Il devait recueillir l'accord de tous les ayants droit. Sollicité, un généalogiste notaire a trouvé, non pas deux, comme l'ancien maire, mais neuf héritiers...
Dans sa missive, Alexandre Painco s'est ému des conditions de l'exhumation. Et, sur la mauvaise interprétation des constatations de l'huissier de justice présent lors de l'ouverture du tombeau, il a laissé entendre que Jean Ribes aurait récupéré le précieux document. Son défenseur a plaidé l'excuse de bonne foi, voyant dans cette citation une "manoeuvre de l'ancien maire qui n'a pas digéré sa défaite". Bonne foi qu'a contestée Me Cirera en demandant l'euro symbolique de dommages et intérêt.
Le parquet s'en est remis à la sagesse de la présidente. La décision sera rendue le 17 novembre prochain.
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